Je frissonne...
Je frissonne, emporté par ce vent d’automne. Je lève la tête pour regarder les arbres morts à mes côtés, et je souris. Ainsi donc les cœurs ne sont pas seuls à dépérir…
Je marche sur les flaques, qui mouillent mes chaussures et vont jusqu’à en changer complètement les couleurs. Le moindre changement, la moindre métamorphose, semble m’interpeller et me faire signe.
Sur le petit pont je regarde la rivière qui coule. La pluie qui tombe dessus semble secouer la vie marine toute entière. Tiraillée, bousculée, tout comme ma vie.
J’aime la sensation des feuilles mortes sous mes pieds. J’aime avoir ce faible pouvoir sur la nature. J’aime imaginer que je peux diriger les choses et les objets…
Mais ce que j’aime surtout, c’est me faire du mal. Je n’accepte pas l’amour des autres, puisque je ne suis pas capable moi-même d’en donner. Alors je vis, tel un corps sans âme, et je déambule dans ce décor d’automne, qui au-delà d’une saison, représente tout simplement ma vraie personnalité. Ma vraie tourmente.